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Les flux du sang des morts ravivant les fontaines

Alicia Hierro
Paris, 2015

En tiempos presentes como los nuestros, donde el mercado institucional museístico oscila alternando arte inmaterial y material, donde se funden ejemplos de acciones efímeras altamente cotizadas con piezas monumentales bien conservadas, se perfilan producciones diferentes en otra categoría de formatos y medios.

Es el caso entre manos. El caso de una resistencia a la normalización estilística minimalista, resistencia a la imposición purista conceptual, a la exigencia física de la escena y a las estrategias coreográficas, dejando al otro lado del lienzo la insistencia política, la condición del género o el uso del sonido. Todas estas cuestiones actuales son fuentes de interés para Mireya, pero para el registro de su trabajo va a elegir conscientemente transitar por otros ejes temáticos íntimamente suyos, e impuestos solo por ella.

Mireya Martín Larumbe se fija en lo primordial del lápiz y el trazo, marcando una línea sinuosa desplegada y a la par concentrada en sí misma, finalmente exorcizada de su autora. El placer del contacto entre ese horror vacui que supone la hoja en blanco y la primera presión del grafito, es un momento indefinido y de salto que solo puede traer consigo la desposesión.

Mireya Martín Larumbe es una bella artista en todos los sentidos del término, una mujer que no ha perdido la base de la praxis, la mano. Así se sitúa en la base de la tradición artística que es componer desde el contorno, desde el delgado perímetro que separa las sombras. Es conocida la alegoría que vincula el nacimiento del dibujo con esa añoranza por captar e inmortalizar el perfil, la silueta, el rostro del amado. Su obra parece ese lugar fantasmal de la luz y el volumen donde se atrapan los espejos deseados, abrazando las figuras ausentes a través del claroscuro. Los diseños visuales y audiovisuales de Mireya son autorretratos que reflejan una visión trascendente, una realidad fantástica.

Hablar de su obra es tratar un tema frágil, comprender su fino trazado, su aire irreal. Mireya Martín Larumbe parece como extraída de una novela, de un mundo anacrónico, ausente incluso de la megalítica cotidianidad que nos rodea. Ella sigue otro ritmo y a su paso va construyendo con portaminas y pigmentos dorados una esfera nueva.

Sus preocupaciones no obstante, no dejan de ser las nuestras. Muerte, naturaleza y mujer.

Como se acierta a intuir dentro de la propia serie de la artista, “los fluidos de la sangre de los muertos reavivando las fuentes”. El fin y el deterioro encumbrado en paneles dorados contrastando con la oscuridad ambiente. Y en el blanco una imagen de Mireya reconocible, onírica y desdoblada.

Mireya demuestra finalmente que la vida estética, la vida sensible y cognitiva no están separadas del “producto”, sino que todo es un continuum. Su obra plástica refuerza este sentido, lo encarna formalmente.

MIREYA MARTÍN LARUMBE[1]
Les flux du sang des morts ravivant les fontaines

Alicia Hierro
Paris, 2015

À notre époque, où le marché institutionnel muséistique oscille en alternant l’art immatériel et matériel, où se fondent des exemples d’actions éphémères très cotées avec des pièces monumentales bien conservées, se profilent des productions différentes dans une autre catégorie de formats et de moyens.

C’est le cas qui nous occupe. Le cas d’une résistance à la normalisation stylistique minimaliste, une résistance à l’imposition puriste conceptuelle, à l’exigence physique de la scène et aux stratégies chorégraphiques, en laissant de l’autre côté de la toile l’insistance politique, la condition du genre ou l’utilisation du son. Toutes ces questions actuelles sont une source d’intérêt pour Mireya, mais pour le registre de son travail, elle choisit consciemment de transiter sur d’autres axes thématiques intimement siens, et n’imposés que par elle.

Mireya Martín Larumbe se centre sur l’essentiel du crayon et du tracé, en marquant une ligne sinueuse déployée et à la fois concentrée en elle-même et finalement exorcisée de sa créatrice. Le plaisir du contact entre cette horror vacui que suppose la feuille blanche et la première pression du graphite, est un moment indéfini et un bond en avant que seul peut entraîner la dépossession.

Mireya Martín Larumbe est une belle artiste dans tous les sens du terme, une femme qui n’a pas perdu la base de la praxis, la main. Elle se situe donc à la base de la tradition artistique qui essaie de composer depuis le contour, depuis le périmètre ténu qui sépare les ombres. L’allégorie qui allie la naissance du dessin avec la nostalgie pour capter et immortaliser le profil, la silhouette, le visage de l’être aimé, est bien connue. Son œuvre semble cet endroit fantasmagorique de lumière et de volume où sont appréhendés les miroirs désirés, en embrassant les figures absentes au travers du clair-obscur. Les designs visuels et audiovisuels de Mireya sont des autoportraits qui reflètent une vision transcendante, une réalité fantastique.

Parler de son œuvre, c’est traiter un sujet fragile, comprendre son fin tracé et son air est irréel. Mireya Martín Larumbe semble avoir été extraite d’un roman, d’un monde anachronique, absente même de la quotidienneté mégalithique qui nous entoure. Elle suit un autre rythme et construit avec un porte-mines et des pigments dorés une sphère nouvelle.

Pourtant ses préoccupations sont toujours les nôtres : la mort, la nature et la femme.

Quelle perception à avoir dans la série de l’artiste « Les flux du sang des morts ravivant les fontaines » ? La fin et la détérioration élevée sur les panneaux dorés, contrastant avec l’obscurité ambiante. Et sur le blanc une image de Mireya reconnaissable, onirique et dédoublée.

Mireya démontre finalement que la vie esthétique, la vie sensible et cognitive ne sont pas séparées du « produit », au contraire c’est un continuum. Son œuvre plastique renforce cette sensation, l’incarne formellement.

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[1] Je dois avouer que cette grande artiste (comme disait Saint-Exupéry dirait dans sa préface) est mon amie. Et comment écrire alors sur « mir » et « eya »* si je puis me permettre ce jeu de mot? Peut-être depuis la subjectivité. Si un texte n’est jamais neutre nous aurons au moins un prétexte.

Entre sa figure et la nôtre, les spectateurs, des milliers de lignes à la fois affectives et de pensées. Séparer et forcer une distance critique est une tâche, ou plutôt un délit que nous ne pouvons pas commettre.

*« mir » (du verbe mirar : regarder) et de « eya » (phonétiquement le pronom ella : elle)